Nouvelle arrivante

Nil rabattit ses oreilles en arrière et lui jeta un regard noir. Ses naseaux la faisaient soufrir depuis qu'il l'avait mordu à son tour, mais elle n'en laissait rien parraître, question de principe. Elle avait été élevée par des mustangs et comptait bien ne pas se ramollir face à cet étalon hargneux.

-Alors pourquoi m'adresses-tu la parole, si je t'énerve?

Elle savait que ce n'était que de la provocation de dire ça, mais elle s'en fichait. S'il s'énervait vraiment, ça deviendrait intéressant, et si ça dégénérait, elle était assez rapide et endurante pour galoper assez loin pour qu'il lui fiche la paix... normallement.

-Nulle part, je n'ai jamais dit que j'avais appris ça quelque part, et arrête de frimer avec ces flammes, tu m'énerves toi aussi!

Elle restait bien campée sur ses sabots, son ton était de plus en plus agressif et ses yeux brillèrent d'un coup d'une lueur sombre, animée par la haine que lui inspirait ce cheval. Elle ne le connaissait pas et le haïssait déjà, comme une sorte d'instinct, elle ne voulait plus qu'une chose, le mettre hors de sa vue le plus rapidement possible. Pourtant, elle restait à distance pour éviter qu'il ne lui envoie un coup de sabot, qui la brulerait surement maintenant qu'il les avait passé dans les flammes.

-Qui de nous est le plus ridicule, moi, qui me déffend juste, ou toi, qui te prend pour le maître du monde ou au moins de cette plaine? Réfléchis un peu, si tu es cappable de mettre en route ce que tu as dans la tête!

Sa voix ne tremblait pas, son regard était toujours aussi noir, mais tous ses muscles étaient tendus, prêts à agir s'il s'approchait de trop près. Le mot "tuer" avait tout de même fait son petit effet sur son instinct de survie et elle ne se sentait pas du tout l'envie de mourir aujourd'hui.

*Il me rappelle les crotales...*

(pour la sadiqueté, je sais pas trop comment on dit en vrai français non plus alors... ^^)

Plus le temps passait, plus elle le détestait, mais plus il lui faisait peur, aussi... Et puis pourquoi ne continuait-il pas à parler? Il allait se passer quelque chose et elle sentait qu'elle n'allait pas apprécier. Sa respiration devint plus forte, comme si elle venait de courir sur une longue distance, mais elle s'efforçait de ne pas bouger, de ne pas lui laisser voir qu'elle perdait le dessus.

-..."Avant de m'adresser"...? Continue ta phrase, je t'en prie!

Sa voix était un peu trop forte pour être naturelle, mais cela se voyait peu comparer à ce qu'elle ressentait.

Elle hésita à reculer lorsqu'il s'avança, mais décida que le mieux à faire pour l'instant était de ne pas lui donner l'avantage, pas tant qu'elle le pourrait. Elle garda donc sa position, repprenant un peu confiance lorsqu'il lui demanda comment elle s'appelait.

*Il perd du temps... Je me demande pourquoi.*

-Vanilla. Vanilla Sky... articula-t-elle. Et aurais-je l'honneur de connaître le nom de celui qui veut me tuer sans que je ne lui aie rien fait ou c'est trop demander?

Elle avait parlé sans trop trembler, sans trop marmonner non plus. Sa famille aurait été fière d'elle. A moins peut-être que sa famille aie préféré la voir s'enfuir pour rester en vie plutôt que de "tapper la discute" avec un assassin...?

-Enchantée... dit-elle, sarcastique.

Elle adorait être sarcastique, c'était son moyen de moquerie favori, mais il n'était pas l'heure de plaisanter: ce cheval était bel et bien un assassin, et mieux vallait partir sans plus attendre. Elle recula d'un pas, puis un autre. Enfin, elle tendit tout ses muscles et s'élança vers la droite aussi vite qu'elle le pouvait. Son père était le cheval le plus endurant qu'elle aie pu connaître, sa mère était la plus rapide, et Nil avait beaucoup hérité d'eux... Mais lui, lui il était un étalon, lui il était plus fort... Il voulait vraiment la tuer et cela suffirait surement à le motiver pour la rattrapper. Le coeur de Vanilla tembourinait son poitrail comme un marteau et elle aurait voulu savoir s'il la suivait, mais tout ce qu'elle pouvait entendre à cette vitesse, c'était le sifflement du vent.

Vanilla pila juste devant Nut', qui venait de faire son apparition devant elle, laissant la marque continue de ses sabots dans la terre. Soulagée de voir que l'étalon de tout à l'heure partait dans l'autre direction, elle put se permettre de rester encore un peu. Pourtant, sa première encontre sur cette île n'avait pas été très amusante pour ses nerfs, et elle se sentait maintenant redevenue elle-même: irrascible et anti-sociale.

-Tu te crois drôle? grogna-t-elle.

Si tous les chevaux étaient comme Free, mieux vallait s'imposer dès les premiers mots, et tant pis pour ceux qui avaient le malheur d'être plus aimables que les autres...

(bien le nouveau look de Free Spirit!)

Son père? Vanilla se retrouvait de nouveau mêlée à cet étalon... Mais bon, le papa était parti assez loin et cette jument-ci, Nil se sentait la force de l'affronter s'il le fallait. Elle garda ses oreilles rabattues en arrière et répondit d'une voix creuse et froide:

-On ne peut pas vraiment appeler ça "cotoyer"; mais qu'est ce que ça peut te faire de toute façon?

-Je ne lui parlais pas amicalement, si c'est ce que tu veux savoir, et lui non plus, d'ailleurs. Il faut croire qu'il ne me porte pas dans son coeur et que c'est réciproque... Et arrête de me tourner autours!

Elle n'aurait pas dû s'énerver. Cette pouliche ne faisait rien de mal, mais Vanilla se sentait l'envie de se défouler sur le reste du monde, afin d'essayer d'évacuer toute cette haine. C'est vrai, quoi, on la kidnappait, elle supportait un naufrage, restait plusieurs jours toute seule et manquait de se faire tuer par ce fou de Free Spirit, comment ne pas en vouloir à la vie après tout ça?

(moi aussi j'aime bien, ça fait + mieux lol)

*Super, je vais devoir hériter de la fille de l'assassin parce que je lui rappelle sa chère maman...*

Nil ne répondit rien, renacla et secoua l'encolure pour dégager un peu ses crins de ses yeux, puis commença à marcher lentement. Après avoir voulu entrer en contact avec d'autres chevaux de cette île, elle regrettait maintenant sa solitude. Mais, après tout, la pouliche pouvait encore lui être utile...

-Je ne pense pas avoir connu ta mère, peut-être qu'elle était une cousine de la mienne, ou de mon père... dit-elle, ralentissant encore un peu l'allure et parlant sur le même ton égal et froid. En fait, c'est la malchance qui m'a ammenée ici. Comment appelles-tu cette endroit?